Article المقال ( Août )
Article
Je suis le fier auteur de mon texte
Écrit par : Dr. Yasmine Sarwat
Maître de Conférences au Département de Français
Faculté de Pédagogie
Université d'Alexandrie
« Vous préférez dire auteure ou autrice ? »
C’est un
sondage posté sur une page Facebook consacrée à des concours d’écriture. Je
réponds spontanément : « Auteur, tout court ».
Voici un
débat que j’ai toujours trouvé nul. S’acharner pour un e muet
ou un suffixe, comme si l’existence de la femme se limitait à un phonème ou à
une lettre supplémentaire, muette de surcroît ! Je ne comprendrai
jamais cette animosité et cette obstination à vouloir féminiser les mots
masculins, à y voir une sorte d’injustice ou d’inégalité… Et Dieu sait si je ne
suis pour l’évolution de la langue ! Pour l’« évolution »,
justement ; ce phénomène naturel et spontané qui est le fruit d’une
adaptation, d’une acclimatation ; cette évolution qui se fait en harmonie
avec la vie, au même titre que l’Australopithèque et son inévitable marche vers
le Homo Sapiens…
Mais se
mobiliser pour un e, voilà qui m’est carrément
insupportable ! Est-ce à ce point réducteur que d’être auteur ou
professeur lorsque le talent, la compétence, l’application ou la verve
parlent d’eux-mêmes ? Est-ce se sentir « plus
profondément femme » que d’afficher son genre par l’addition d’une
lettre ? Est-ce faire preuve de force que de vouloir à tout prix bousculer
l’évolution naturelle de la langue ?
Dans son
noble parcours, la langue française n’a subi aucune pression ni aucun genre de
chantage pour définir son statut standard en fonction des requis de la
communication ; son évolution s’est établie dans la mobilité du temps et
la fluidité des âges. A ma connaissance, jamais il n’y eut
« sondage » ou « référendum» pour légaliser un terme. Même la
normalisation de la langue et les règles du Bon Usage ont été définis non pas
en fonction d’une humeur ou d’un crédo individuel ou minoritaire, mais juste
par élimination de superflus introduits dans la langue française de par
l’existence de variantes, dialectes ou registres. Ce n’est qu’une sorte
d’épuration pour y voir plus clair et privilégier la langue standard qui fait
l’unanimité.
Quelqu’un s’est-il jamais demandé pourquoi des mots comme
« victime », « vedette », « créature »,
« personne » sont des mots féminins alors qu’au niveau sémantique ils
désignent aussi bien des hommes que des femmes ? Jusqu’à preuve du
contraire les hommes ne se sont jamais rebellés ! Pourquoi donc s’acharner
pour des termes comme « professeur », « auteur » ou «
docteur », quitte à créer des mouvements féministes? C’est ridicule,
non ?
Calmez-vous !
Ce ne sont que des mots « épicènes », c’est-à-dire des mots où le
genre grammatical n’est pas apparent, point barre !
Il y
aurait beaucoup plus à « faire » pour défendre son statut de
femme : se fier à la nature, car elle fait bien les choses…
Tous ces
mouvements féministes pour prouver que la femme est l’égale de l’homme… quelle
misère ! Est-ce une physionomie plus menue qui en réduirait la
grandeur ?
Ceci
dit, je ne confonds aucunement avec les pétitions et les mobilisations pour
réclamer nos droits trop souvent bafoués, ou pour s’opposer à la violence et
aux agressions qui sont malheureusement à l’ordre du jour. Alors là oui,
certainement. On crie, on râle et on mord, et pour cause !
Mais
vouloir à tout prix déranger le parfait équilibre de la nature, voilà qui est
vraiment réducteur et dévalorisant. La femme n’a pas besoin d’un 8 mars pour
dire qu’elle existe ; elle existe tous les jours, elle se fait entendre et
elle brille lorsqu’elle suit la synchronicité de l’univers…
On
n’est vraiment si fièrement femme que lorsqu’on n’a rien
à prouver…
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